Vieux Tueur - épisode 11

La vestale Rhéa Silvia était vivante, choquée, blessée mais vivante. De larges traces de griffes labouraient son corps de jeune fille, surtout au niveau des cuisses et des hanches. Tout le monde se pressait autour d’elle et le roi Amulius, qui avait tardivement accouru, affecta la plus grande inquiétude pour sa nièce. Lailoken tenait à peine debout mais s’était lui aussi précipité pour s’enquérir de la jeune femme.
- Rhéa Silvia !
- Lailoken… je…que… ?
- Tais-toi, ne parle pas, on va prendre soin de toi.
Sur ordre du roi, les guérisseurs du palais l’emmenèrent dans une chambre. Déjà, les rumeurs allaient bon train.
- Que s’est-il passé ? La vestale s’est fait agresser… Par qui ? Des pillards ? Non, on dit que le dieu Mars en personne l’a violenté.
Curieusement le corps du sorcier Hannon disparu rapidement et personne ne fit jamais allusion au vieillard qu’on apercevait parfois avec le roi.
Dès que Rhéa Silvia fut installée, le roi ordonna que douze gardes veillent sur elle jours et nuits et que nul, excepté son médecin personnel, ne puisse s’en approcher.
Lailoken n’eut pas l’occasion de confronter Amulius ce soir-là, ni dans les mois qui suivirent. Le roi le fit congédier et s’entoura d’une garde dont il fut exclu. Le mercenaire retourna dans sa cabane et pensa ses blessures.
Les mois passèrent. L’incident resta dans les consciences mais tous louèrent la réaction pleine de bonté et de sagesse du roi qui accueillit sa nièce chez lui pour la protéger et la faire soigner. Le règne d’Amulius semblait d’ailleurs commencer sous les meilleurs auspices, plusieurs traités avec des marchands lointains avaient été signé et la prospérité affluait dans le royaume d’Albe la Longue. De grandes villas étaient construites et de nombreux habitants s’enrichissaient.
Neuf lunes plus tard, l’on vint chercher Lailoken. C’était un soir, l’air gardait encore la chaleur de l’après-midi et la garde d’Amulius trouva Lailoken assit contre une souche, devant sa cabane, un cratère de vin épicé à son côté. Il était retourné voir la bergère peu après les événements. Son mari était souvent absent avec les bêtes et elle ouvrit volontiers sa demeure et sa couche au mystérieux mercenaire. Il passait auprès d’elle des heures douces, sauvages et raffinées.
- C’est toi Lailoken ? demanda le garde patibulaire.
- Qui le demande ?
- Le roi Amulius.
- Je suis en train de siroter un très bon vin que je compte bien terminer ce soir. Le roi devra attendre.
- Le roi n’attend pas, dit sèchement l’officier, lève ton cul, prend ton cheval et suis-nous !
- C’est si gentiment demandé.
Un instant, il hésita. Les types se prenaient au sérieux, une résistance de sa part ne pourrait que mener à la violence et la violence à la mort des gardes… ce qui lui amènerait encore plus d’ennuis. Sa vie lui plaisait mal en ce moment, il n’avait pas envie d’y mettre fin en devenant le paria du royaume.
- C’est bon, je vous suis. (à suivre....)