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Publié par Sébastien Morgan

Elle dégageait quelque chose de sauvage. Des cheveux noirs ébouriffés parsemés de mèches grises, des sourcils épais et broussailleux qu’illuminaient des yeux d’un vert intense, comme deux émeraudes perdues au milieu d’un champ d’herbes folles. Et ces yeux écarquillés  interrogeaient Lailoken sans peur aucune.

- Bonjour…je…je ne vous veux pas de mal…

Elle eut un sourire qui mit le guerrier mal à l’aise.

Mal à l’aise devant une femme, une nouveauté !

- Qui êtes-vous ?

Elle avança doucement sa main jusqu’à lui toucher la joue.

- Heu… oui… Vous vivez ici ?

Elle eut un nouveau sourire, franc, solaire.

- Oui, avec mon mari. Je me nomme Larentia.

Sa voix avait des inflexions dures, comme les rocs qui se trouvaient au sommet de la colline aux pieds de laquelle sa maison était construite.

Lailoken remarqua qu’en contrebas coulait un fleuve. Il pouvait apercevoir son eau paresseuse entre les branches.

- Le fleuve que j’aperçois là, c’est le Tibre ? Là où s’est noyé Tiberinus Silvius ?

- C’est celui-là même.

- Et ton mari…

- Faustulus.

- Oui Faustulus, il est…

- Parti faire paître les bêtes.

- Bien. Je sais qu’il n’est pas convenable que je te parle en son absence mais j’ai quelques questions à te poser.

Elle haussa les épaules.

- Suis-moi.

Il l’accompagna jusqu’à la maison, elle lui indiqua la table et les deux chaises adossées à la maison.

- Je vais chercher à boire.

Elle entra dans la maison et il s’installa. Il ferma les yeux un instant, profitant de la fraîcheur de l’ombre et de la sérénité qui se dégageait du lieu.

Elle revint avec un cratère et deux coupelles de terre cuite et les posa au centre de la table. Avec surprise Lailoken vit que le récipient, décoré de scènes champêtre était plein.

- Ce n’est pas trop lourd, tu veux de l’aide.

- Non.

Un frisson lui parcouru l’échine.

Elle a porté ce cratère comme si de rien n’était.            

Il n’eut pas le temps de s’appesantir sur cette réflexion car son hôtesse arriva avec les deux coupes pleines et s’assit sur la table dans une pose suggestive.

- Aux dieux ! dit-elle en versant une partie de son breuvage sur le sol et en vidant le reste cul sec.

- Heu oui, aux dieux…

Lailoken vida sa coupelle d’un trait. C’était du vin épicé.

- Très bon, dit-il.

Sans crier gare, elle plongea sa main dans ses cheveux. Comme s’ils réagissaient à ce geste, plusieurs mèches s’enroulèrent autour de ses doigts.

- D’accord, je vous trouve très attirante aussi mais, je crains que nous n’ayons pas…

- Silence, bel étranger.

Et elle posa un baiser brûlant sur ses lèvres.

Quelle passion ! Cette femme a quelque chose de sauvage en elle. Son baiser a un goût étrange, un goût… de temps. Comme si j’avais plongé aux origines du monde… étrange.

Elle le toisa de ses yeux émeraudes animés d’un feu dévorant.

Lailoken ferma les siens pour échapper au pouvoir magnétique de la femme. Non qu’il répugnait à passer un bon moment avec elle. Le fait qu’elle fut mariée ne l’arrêtait pas, ce genre de considérations morales ne l’effleuraient même pas. Non, mais il était là pour une raison précise et aimait mener ses affaires jusqu’à leur terme.

Aussi repoussa-t-il doucement mais fermement la bergère. (à suivre...)

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