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Publié par Sébastien Morgan

Hannon massa son crâne chauve et s’enduit les articulations d’un baume odoriférant venu tout droit d’Egypte.

Ha Egypte ! Si le monde savait les secrets que tu renfermes !

Il rajusta son pagne, seul vêtement qu’il portait et s’assit en tailleur. Des bougies de cires se trouvaient autour de lui, à intervalles régulières. Entre elles, des hiéroglyphes étaient peints à même le sol.

Avec une voix métallique de vieille corneille, le vieillard entonna un chant, une invocation dans la langue des bâtisseurs de pyramides.

Il était seul dans sa chambre mais s’il y avait eu un observateur extérieur à la scène, celui-ci aurait soudain cru halluciner ou avoir abusé de vin fort. Car le corps de Hannon fut soudain prit de tremblement. Pas à la manière de ceux qui sont frappés par le grand mal, par la folie ou par le grand âge. Non, ici, il s’agissait d’un tremblement intérieur. Comme si soudain habité par une énergie impie, son corps s’était mis à vibrer. Et cette force étrange qui l’habitait donnait l’impression qu’il se dédoublait.

Mais était-ce bien une impression ?

Soudain, un bruit retenti, comme une couture qui se déchire.

Et Hannon se retrouva au centre de la pièce. Ou plutôt, un second Hannon qui regardait son corps prostré de l’extérieur. Et l’observateur extérieur n’aurait pas manqué de remarquer combien ce second Hannon, légèrement plus translucide que celui qui était assis, était aussi plus alerte dans ses mouvements, plus sauvage dans sa démarche. L’hypothétique personne qui aurait pu voir les deux aspects du sorcier d’Amulius aurait eu, sans doute, la peur de sa vie en voyant l’éclat d’insanité qui brulait dans les yeux du second Hannon. Une folie qui animait la projection et lui donnait toute sa force, une folie qui prenait sa source en des lieux interdits où la lumière ne pénétrait jamais, une folie qui jaillissait de l’abîme que personne n’évoquait autrement que dans un sanglot.

Dans un souffle triomphal et malsain, il sortit de la pièce.

 

Rhéa Silvia se tenait sur la terrasse du petit temple de Vesta. Celui-ci siégeait non loin du palais d’Amulius.

Finalement, je pourrai sans doute me plaire ici, les gens me regarde avec amour. Maintenir intact, pour eux, le feu de la déesse, c’est une tâche importante.

Elle porta son regard sur les étoiles.

Bien sûr, je ne pourrai jamais avoir d’enfants, mais d’une certaine manière, telle la déesse, tous les hommes seront mes enfants.

Elle sourit à cette idée. Oui, cela lui plaisait ! Être la grande sœur ou même la mère des habitants d’Albe la Longue !

Oui, je pense que je peux être heureuse dans cette vie !

Soudain un vent glacé se leva, elle ramena ses bras autour d’elle dans un futile geste de protection et entra dans le temple. (à suivre...)

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