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Publié par Sébastien Morgan

Je vous conseille la série "Supergirl" dont je viens de regarder la première saison. Certes, c'est une série pour ados et certes les bons sentiments de l'héroïne sont agaçants et dégoulinants. Néanmoins, la trame générale est sympa et Calista Flockhart est excellente en rédactrice en chef féministe à qui on ne le fait pas. La série est riche de réflexion sur le statut de la femme et le féminisme en général. Deux épisodes m'ont particulièrement interpellé. Dans le premier, Supergirl doit faire face à plusieurs frustrations dans son existence.

Ces frustrations génèrent une certaine colère en elle, colère qu'elle exprime en explosant un robot prototype que l'armée veut tester sur elle. Plus tard, dans l'épisode, elle casse le poignet d'un débile qui non content de manquer d'écraser des enfants traversant la rue, se pique de vouloir casser la gueule de Supergirl qui a abîmé sa voiture en l'arrêtant. Plus tard encore, sous son identité de Kara, elle dit les quatre vérités à sa patronne qui la traite vraiment comme une moins que rien. Et celle-ci de répondre : "Ma chère, quand j'ai eu mon premier boulot, le rédacteur en chef a piqué une crise car un délai n'a pas été respecté. Il a lancé une chaise au travers de la vitre... qui était fermée bien sûr. On s'est tous remis au travail et des vitriers sont venus remplacer la vitre. Si je faisais la même chose, je ferais la une de tous les journaux et peut être même serais-je interrogé par la police... vous êtes une femme ne pouvez pas vous permettre d'être en colère, Kara."

Dans le deuxième épisode d'intérêt, Supergirl est touchée par de la kryptonite rouge. Ce matériau a l’étrange propriété de faire exprimer tout le refoulé par la super héroïne qui devient soudain la version assertive d’elle-même : écartant sa rivale, prenant les devants avec son mec, mettant sa sœur et sa patronne devant leurs quatre vérités. La Supergirl sous kryptonite est beaucoup plus intéressante, plus affirmée, plus vraie, plus forte. Malheureusement, il a fallu que les scénaristes gâchent tout en lui faisant franchir les limites et en la faisant devenir in fine, une folle furieuse dictatoriale sous l’influence de la pierre.

C’est curieux comme, aussi féministe soit cette série, elle n’arrive pas à assumer jusqu’au bout son combat et on a toujours l’impression que si Supergirl franchit la limite de « l’acceptable pour une femme », elle reviendra vite dans le « droit chemin » cliché de la femme « gentille » et « serviable ».

Supergirl est une bonne série, féministe dans l’intention mais qui ne va pas assez loin.

Car il y a ici un enjeu de taille. La colère des femmes a toujours effrayé le patriarcat. Les sorcières étaient accusées d’être colériques, soi-disant signe certain de leur alliance avec Satan. Plus tard, l’athéisme freudien les qualifiera d’hystérique et on fera enfermer et griller le cerveau de celles qui affirment trop fort leurs opinions et leur caractère.

Lors de la remise d’un César en 2020 au pédophile Polanski, les protestations de la show woman « Florence Floresti » et le fait que l’actrice Adèle Haenel a quitté la salle, ont déchaîné sur elles les réactions des internautes réactionnaires. Que leur reproche-t-on ? De s’exprimer avec trop de force ! Les soutiens de Polanski, certains journalistes et une foule d’anonymes sur les réseaux sociaux se sont indignés de ce comportement peu séant pour des femmes.

Les guerrières celtes et germaines jetaient la terreur dans le cœur des légionnaires romains. Les femmes guerrières étaient une abomination pour l’Empire de Rome.

La colère des femmes effraye le patriarcat, la colère des femmes fait peur aux hommes complexés qui réagissent avec l’agressivité de chiens acculés, la révolte des femmes fait peur aux autres femmes, à celles qui ont choisi la soumission.

Salut aux déesses sombres, à Kali, à la Morrigane, à Hekate, à Ishtar et à Lilith ! Que les femmes se débarrassent une fois pour toute de l’opprobre implicite qui tente de museler leur révolte, leur caractère et leur combat afin les faire correspondre à des schémas de gentillesse, de serviabilité, de générosité, de porteuses de vie, qui ne sont que des moyens pernicieux pour les maintenir sous la coupe des hommes.

Qu’on me permette un parallèle avec un autre mythe, celui des Siths dans Star Wars. Leur devise est la suivante :

« La paix est un mensonge, il n'y a que la passion.
Par la passion, j'ai la puissance.
Par la puissance, j'ai le pouvoir.
Par le pouvoir, j'ai la victoire.
Par la victoire, je brise mes chaines.
La Force me libérera. »

Ce qu’on dénie aux femmes depuis des siècles, c'est la passion (dont la colère n’est qu’une expression), de peur qu’elles brisent leurs chaînes. Les temps sont mûrs. Que la colère des sorcières fasse trembler les fondations du patriarcat.   

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