Adieu Henri, et merci.
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Hommage à Henri Vernes, décédé hier. J'ai profondément aimé cet homme à deux niveaux. D'abord pour son oeuvre, Bob Morane, qui m'a donné le goût de la lecture. Oui, jusqu'à l'âge de neuf ans, si je dévorais des BD, j'étais très réticent à ouvrir un roman "sans image". C'est ma mère qui m'a mis dans les mains "La Vallée Infernale" que j'ai dévoré en quelques jours. Cela a été le début d'une longue histoire d'amour avec les livres et surtout avec cet aventurier et son écossais d'ami Bill Balantine, la brute au grand coeur. Et quels voyages ! Avec Bob, on s'est promené aux quatre coins du globe, à différentes époques et dans les mondes parallèles (l'inquiétante Ananké m'a laissé des traces indélébiles.). Bob Morane, le héro aux nerfs d'acier, l'ingénieur polytechnicien à la culture gigantesque. Comme son auteur, il fréquentait des gens de toutes les origines et comme son auteur, anticolonialiste convaincu, grand pourfendeur des missionnaires, il ne les jugeait jamais et mettait toujours en avant la richesse culturelle de l'autre. Henri Vernes avait également écrit une histoire des guerres indiennes et de la conquête de l'ouest. Précurseur, il avait présenté le récit du point de vue amérindien, un peu à la manière d'Amin Maalouf et de ses "Croisades vues par les Arabes.". Chose étonnante dans une collection Marabout Jeunesse qui à l'époque se gargarisait des récits colonialistes et où, au cinéma, les Indiens étaient presque toujours dépeint comme les sauvages, les ennemis anonymes et terribles. Ce livre m'a profondément marqué par son empathie pour le colonisé et sa volonté de redonner une dignité à ce grand peuple.
Et puis, j'ai aimé Henri en tant qu'homme lorsqu'à l'adolescence, il venait régulièrement manger à la maison ou que je l'avais de longues heures au téléphone quand il me demandait mon avis sur telle ou telle intrigue ou sur tel ou tel personnage. Henri était ce grand oncle aventurier, l'avoir à sa table était un véritable privilège tant il régalait par sa bonne humeur contagieuse et ses récits d'aventure personnel, car Henri avait été résistant, espion pour le MI5 et avait parcouru la plupart des jungles et des déserts de la planète. Henri était l'une de ces personnes plus grandes que nature qui croisent parfois notre route si on a de la chance. Henri était Bob Morane en vrai et il a planté l'amour du récit d'aventure en moi. Je lui dois ma vocation d'écrivain. Pour cela, il a ma reconnaissance éternelle.